Les huit types de lecteurs

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Comme tant d’autres avant moi, j’ai eu l’audace de classer les auteurs en trois grandes catégories. C’est un exercice qui permet d’y voir plus clair sur sa démarche d’écriture et sur la manière dont il convient de poursuivre nos priorités. Il est toutefois encore bien plus utile de s’intéresser aux lecteurs, et de les placer eux aussi dans un certain nombre de catégories.

Il ne s’agit pas ici de se montrer réducteur : les lecteurs ont des aspirations innombrables, et apprécient la lecture pour des raisons très diverses. Comme avec les auteurs, il faut bien comprendre que, même si l’on place un lecteur dans une des catégories ci-dessous plutôt que dans une autre, cela ne l’empêche pas d’être concerné par des critères qui n’y figurent pas. En réalité, en tant que lecteurs, nous faisons tous probablement partie de deux ou trois catégories différentes. Ce n’est pas de naturalisme qu’il s’agit ici : on ne colle pas une étiquette à chaque lecteur comme s’il était un spécimen rare de libellule.

Néanmoins, l’idée qu’il existe différentes raisons d’empoigner un livre, qui correspondent à différentes manières de satisfaire ces envies, est une notion précieuse à garder en tête pour quiconque a pour vocation d’écrire. En se préoccupant de la manière dont réfléchissent les lecteurs, ce qui capte leur intérêt, ce qui les touche, on pourra plus facilement les satisfaire, ou en tout cas éviter de les froisser. Sans tomber dans un populisme artistique qui consisterait à flatter en toutes occasions les souhaits du marché, il n’y a pas de mal à garder en tête les aspirations de celles et ceux qui vont nous lire, quitte à choisir ensuite, en toute connaissance de cause de ne pas en tenir compte.

Les Esthètes

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La première tribu de lectrices et de lecteurs, que je choisis de surnommer « les Esthètes » mais que vous êtes libres d’appeler comme vous le souhaitez, est formée de celles et ceux qui, plus que tout, sont attirés par le style.

La littérature, pour eux, c’est d’abord l’écriture. Rien ne les séduit davantage qu’une belle plume, rien ne les émeut plus qu’une phrase bien tournée. Les Esthètes s’autorisent à aller picorer dans tous les genres, dans toutes les formes, passant d’un roman classique à un polar, en passant par un bel essai historique ou un recueil de poèmes, en quête du bonheur évasif que représente une série de mots bien agencés. Ces amoureux de la langue ont des opinions sur le subjonctif et l’usage des points-virgules, et s’intéressent moins à l’histoire qu’on leur raconte qu’à la manière dont celle-ci est racontée.

Même s’ils sont unis par leur amour du style, les Esthètes sont rarement d’accord sur quoi que ce soit d’autres, certains ne jurant que par la sobriété, d’autres préférant les styles pompeux et emphatiques. On peut les comparer avec des amateurs de vins, qui, certes, peuvent reconnaître un grand cru, mais qui, à force, en viennent à préférer se tourner exclusivement vers des Bordeaux ou des Bourgogne.

Comment les satisfaire

Il n’y a pas besoin d’être poète pour séduire un lecteur qui appartient au clan des Esthètes, mais il est conseillé de lui ménager çà et là des plaisirs de lecture. Même si vous préférez une écriture plutôt sobre, que vous fuyez les effets de style, vous parviendrez à gagner les faveurs de ces lecteurs-là en vous autorisant, une fois de temps en temps, une description marquante, une image bien trouvée, une phrase belle à voir et à entendre. Même si le style n’est pas votre priorité, il n’y a pas de mal à concevoir votre roman comme un cake aux pépites de chocolat, le gâteau formant une narration efficace mais sans fulgurance d’inspiration, les pépites représentant un certain nombre de passages au style plus recherché que vous offrez en pâture à vos lecteurs Esthètes.

Comment les faire fuir

En amateurs de la langue française, un Esthète est attiré par le style, mais surtout, il est immédiatement répugné par les fautes d’orthographe et de grammaire, qui ont sur eux l’effet que l’ail a sur les vampires. Soignez-donc l’aspect formel de votre texte afin qu’il soit irréprochable, et vous éviterez que cette famille de lecteurs referme votre bouquin après y avoir jeté un simple coup d’œil. Allez même un peu plus loin, en évitant les répétitions et les enjoliveurs de phrases et en cherchant toujours le mot juste.

Les Rêveurs

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Pour un Rêveur, un livre n’est pas une collection de pages, ça n’est pas non plus uniquement une œuvre littéraire : c’est une machine à voyager, à quitter notre réalité. Un Rêveur, en deux mots, c’est un lecteur qui privilégie tout ce qui peut stimuler son imaginaire. Ça fait beaucoup.

Ce ne sont donc pas les mots qui séduisent les Rêveurs dans la littérature : ce sont les idées. Eux, ce qui leur plaît, c’est qu’on les emmène loin de la banalité, dans des univers exotiques remplis de surprises et d’émerveillement. La capacité d’un auteur a faire surgir des univers entiers de son imagination et d’y faire voyager ses lecteurs en ne se servant de rien d’autre que du papier et de l’encre, c’est cela qui leur donne envie de goûter et de regoûter à cette très recommandable drogue qu’est la lecture.

Naturellement, ce sont les littératures de l’imaginaire qui ont leur préférence. Fantasy, fantastique, science-fiction, etc… : tous les genres qui donnent la priorité à l’imaginaire par rapport à d’autres considérations sont naturellement taillés pour ce genre de lecteur. Cela dit, un vrai Rêveur goûtera peu l’imaginaire en carton-pâte : là où, par exemple, un thriller est maquillé en roman fantastique par l’ajout de quelques vampires en kit qu’on croirait empruntés à de meilleurs romans, comme on loue un déguisement pour une fête costumée.

Comment les satisfaire

Pour plaire à des lecteurs Rêveurs, il faut avoir des idées et il faut faire preuve d’originalité. Il n’y a pas nécessairement besoin d’œuvrer dans le domaine des littératures de genre, d’ailleurs. Raconté de manière originale ou dépaysante, un roman réaliste saura séduire ce genre de lecteurs.

Il suffit de penser à L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet de Reif Larsen, un roman qui raconte le voyage initiatique d’un jeune garçon à travers les Etats-Unis, à grands renforts de diagrammes et de notes de bas de page, pour se rendre compte que n’importe quel sujet peut guider le lecteur dans un monde d’imagination. Le réalisme magique, un genre à cheval entre réalité et merveilleux, saura séduire la plupart des Rêveurs. Il suffit parfois d’une touche d’excentricité pour les satisfaire.

Comment les faire fuir

C’est en particulier au niveau du choix des thèmes que les Rêveurs peuvent être amenés à faire la grimace. S’ils espèrent trouver de l’évasion en ouvrant un livre, ils risquent d’être découragés par un narratif qui insisterait trop lourdement sur des thèmes liés aux aspects les plus sombres du quotidien : chômage, crise, violence, dépression, etc. Si vous vous engagez sur cette voie, il faudra, pour faire passer la pilule auprès des Rêveurs, opter pour un traitement esthétique singulier : conjuguez thèmes réalistes et traitement réalistes et vous les perdrez complètement.

Un Rêveur, c’est un oiseau piégé dans un appartement. Fermez toutes les fenêtres et il s’étiolera. Par contre, il suffit parfois d’en entrebâiller une, de lui laisser un peu d’espoir, un brin d’évasion, et il pourra adhérer à votre histoire.

Les Réalistes

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Un Réaliste, c’est exactement le contraire d’un Rêveur. Les Réalistes, pour paraphraser Peter Pan, sont tout à fait le genre de personnes dont l’incrédulité serait capable de faire mourir les fées. En règle générale, ils n’ont d’intérêt que pour le monde palpable, observable, connu ; ils n’apprécient que les histoires qui, selon eux, pourraient avoir lieu pour de vrai dans le monde réel.

Ce qui intéresse un Réaliste, c’est l’humanité. Ce qu’ils souhaitent, c’est qu’on leur raconte des histoires de gens qui vivent leur vie et qui rencontrent des difficultés face à d’autres gens ou face à eux-mêmes. La plupart d’entre eux finissent par ne plus se satisfaire de la lecture de romans, toute fiction étant, en fin de compte, trop irréaliste pour eux. Ce sont donc des livres d’histoire, des témoignages, des essais, qui ont leur préférence.

Comment les satisfaire

Pour plaire aux Réalistes, il faut soigner la psychologie des personnages. C’est ça qui les attire en premier lieu vers la littérature. Si vous parvenez à dresser le portrait d’individus qui semblent avoir une vie en-dehors de la page, le pari est déjà à moitié gagné.

Certains Réalistes sont attirés par les ouvrages bien documentés et apprécient qu’un bouquin leur délivre des informations réelles. C’est pour eux qu’il convient de faire des recherches, de truffer votre narratif de détails spécifiques au lieu et à l’époque dans lesquels il se déroule. Même dans un roman de genre, ils apprécieront tous les aspects qui parviennent à évoquer avec véracité l’expérience de la vie quotidienne.

Comment les faire fuir

Oui, l’imaginaire fait partie de la vie de tous les jours, et donc du réel. Mais n’allez pas dire ça à un Réaliste : ça ne va pas le faire changer d’avis. Intéressés par ce qui existe pour de vrai, la moindre incartade vers le surnaturel, l’uchronique ou pire, le merveilleux peut provoquer chez eux une suspension immédiate de leur incrédulité. En d’autres termes : n’importe quel élément qui n’appartient pas au registre réaliste risque de leur sembler factice, et donc sans intérêt, et de leur faire interrompre leur lecture.

Il ne faut pas y voir une forme d’intolérance : c’est une simple préférence. D’ailleurs un Réaliste pourrait très bien, dans certaines circonstances, se laisser séduire par un roman de genre, pour peu que vienne s’y loger un mécanisme qui justifie ses aspects les moins conventionnels : rêve, hallucinations, poésie, métaphore. En les prenant par la main, on peut parfois les réconcilier avec l’imaginaire.

Les Groupies

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Ne voyez rien de péjoratif dans le terme que j’utilise ici. Les Groupie sont simplement les lecteurs ou les lectrices pour qui l’intérêt principal d’un roman, ce sont les personnages. À l’instar des supporters d’équipes de sport ou des fans de groupes de musique, ce qui leur plaît, c’est de s’identifier aux individualités et de vivre leur passion à travers les yeux de celles-ci.

Dans le cas du roman, une Groupie va l’empoigner en y cherchant des personnages qui lui plaisent, qui attirent sa sympathie, qui le séduisent, voire qui l’agacent de manière divertissante. À partir de là, ils vont suivre l’histoire qu’on leur raconte en prenant parti pour un ou plusieurs personnages, en s’investissant émotionnellement dans les aventures de ceux-ci, en spéculant sur leurs choix amicaux ou amoureux.

Cette catégorie de lecteurs hante Tumblr où ils expriment leur passion pour leurs personnages préférés à travers des créations graphiques, des mèmes, des bédés, mais aussi des hashtags, des fanfictions et des poèmes, parfois aux limites du fétichisme. Plus que d’autres lecteurs, ils laissent parler leurs émotions et leur créativité et font en sorte que la fiction déborde dans leur vie de tous les jours, en se l’appropriant et en la célébrant.

Comment les satisfaire

Certains genres de littérature attirent davantage les Groupies que les autres : ce sont les romans young adult, new adult, feelgood, mais aussi la romance et une partie de la fantasy, en particulier la fantasy urbaine. Il n’y a rien d’étonnant à cela : il s’agit des genres qui laissent le plus de place aux personnages et à leurs relations.

Car au fond, pour satisfaire ces lecteurs, il suffit de leur proposer une histoire dans laquelle les personnages, davantage que l’intrigue, servent de moteurs à l’action. C’est encore mieux si les émotions y sont exacerbées, si l’amour, la haine et l’amitié sont examinées sous tous les angles, et si les couples se font et se défont lors de coups de théâtre. Rien ne leur plaît davantage que de ressentir des émotions en tous genres. Ajoutons que, dans la mesure où ils s’attachent aux personnages, les feuilletons et les livres à suites ont les faveurs des Groupies.

Comment les faire fuir

Quand, en tant qu’auteur, vous tuez un personnage, vous allez forcément tuer le personnage préféré d’une Groupie. C’est important de garder ça à l’esprit, non pas qu’il faille y renoncer, mais forcément, chaque décision risque de briser des cœurs. Éliminer cruellement un personnage ou même simplement en marginaliser un risque de faire battre en retraite certains de ces lecteurs. Mais attention : si vous évitez les moments tragiques pour ne pas les brusquer, cela ne va pas non plus leur plaire. Mieux vaut donner une belle mort à un personnage que de le laisser s’étioler.

De manière plus banale, un roman qui s’attache à l’intrigue et dans lequel les personnages ne sont guère que des véhicules qu’on ne passe pas beaucoup de temps à explorer ne revêtira à leurs yeux que peu d’intérêt.

Les Bibliothécaires

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La plupart des lecteurs sont intéressés en premier lieu par le contenu des livres. Les Bibliothécaires font exception. Eux, ce qui leur plaît, ce sont les livres eux-mêmes, en tant qu’objets.

Un livre, en ce qui les concerne, c’est quelque chose que l’on repère d’abord dans les rayons d’une librairie, attiré par sa couverture ; c’est ensuite la découverte d’un titre au graphisme accrocheur, d’un choix de couleurs approprié ; c’est aussi le grain du papier, l’odeur des reliures, le bruit que font les pages quand on les tourne ; ça peut être également la mise en page, le choix des polices de caractère, les illustrations intérieures, même, s’il y en a.

Bref : les Bibliothécaires sont des sensuels : un livre leur procure du plaisir avant même la lecture, qui ne constitue dès lors presque qu’un agréable prolongement de ce qu’ils recherchent.

Comment les satisfaire

Au fond, un auteur qui n’est pas auto-édité a généralement peu de pouvoir sur la production de l’objet-livre en lui-même. C’est plutôt un boulot d’éditeur. Cela dit, il n’est pas interdit de donner son avis, de tenter de rejeter un illustrateur qui vous semble mal adapté, de questionner les choix de maquettage et de format. Vous n’allez pas vous attirer que des sympathies, mais la démarche est légitime. Et puis, pour commencer, pourquoi ne pas proposer votre manuscrit a des maisons d’édition qui font bien leur travail.

En-dehors de ça, pour faire plaisir aux Bibliothécaires, il faut garder l’aspect esthétique en tête. Si votre roman s’y prête, pourquoi ne pas prévoir une carte ? Ou même des illustrations intérieures ? Des diagrammes, même, pourquoi pas ? Et rien ne vous empêche, au moment des dédicaces, d’y glisser votre carte de visite ou un marque-page, qui constituera un petit objet de collection sympathique et souvent très apprécié.

Comment les faire fuir

Pour vous fâcher pour de bon avec un Bibliothécaire, ça n’est pas compliqué : il suffit de leur dire « Mon bouquin n’est disponible que sur liseuse. » Là, normalement, ils vont cesser de vous adresser la parole pour tourner les talons, agacés, après, peut-être, vous avoir giflé. Pour eux, un livre n’est pas juste un fichier, un bloc d’information. Sous forme désincarnée, il n’a pas d’intérêt à leurs yeux.

De la même manière, ils n’entreront pas en matière au sujet d’un livre sans mise en page, dont la maquette est faite sans soin, et dont la couverture est laide, même si le texte est un bouleversant chef-d’œuvre. Un écrivain serait bien inspiré de garder en tête que le succès d’un roman, en particulier d’un premier roman, dépend en grande partie des apparences. Un aspect à ne négliger qu’à vos risques et périls…

Les Audacieux

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C’est quand ça bouge qu’un Audacieux s’amuse le plus. Lui, ce qu’il lui faut, ce sont des sensations fortes, sentir l’adrénaline qui coule quand ils lisent. Ce qu’ils recherchent donc avant tout, c’est l’action, quelle que soit la forme qu’elle peut prendre : scènes de combat, de poursuite, de bataille, d’étreinte, de cascade, etc… selon le type de littérature auquel ils ont affaire.

Ces lecteurs exigeants sont souvent très à l’écoute de leur ennui : quand un roman les endort, ils le posent, et quand des chapitres tournent au ralenti, ils peuvent sauter des pages entières de description ou d’exposition pour en arriver aux passages qu’ils recherchent, comme un gastronome qui se débarrasse de la carapace du homard pour en déguster la chair.

Dans la fantasy, ils s’attendent à ce que les personnages sortent leur épée de leur fourreau, dans les romans policiers, ils veulent entendre des coups de feu, et si vous écrivez des romances, ils vous en supplient, ne tardez pas trop avant d’en venir au froissement des draps.

Comment les satisfaire

Il faut du mouvement ! Leur préférence va aller aux romans qui comportent beaucoup d’action, donc gardez ça en mémoire si vous compter leur faire plaisir. Mais même si votre histoire ne se prête pas particulièrement à des scènes d’action en série, il est possible de modeler leur écriture de manière à ce qu’ils y trouvent leur compte, en tout cas en partie : c’est ce que j’ai abordé dans un billet sur les descriptions, en vantant les mérites de ce que j’ai appelé les « descriptions dynamiques. »

Comment les faire fuir

Les Audacieux haïssent les descriptions presque autant qu’ils aiment l’action. Si vous ne voulez pas les voir jeter votre roman à travers la pièce, limitez donc ces passages au strict minimum, et réduisez les envolées lyriques autant que possible.

En-dehors de ça, et en particulier dans la littérature de genre, renoncez aux longues scènes d’exposition où rien ne se passe, à part expliquer au lecteur la routine d’un commissariat ou les mécanismes économiques de la guilde des voleurs. Si ces informations sont cruciales pour la compréhension de votre intrigue, tentez de les mêler à l’action autant que possible, sans quoi les Audacieux vont s’endormir.

Les Fans

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On l’a vu, les Groupies sont les lecteurs qui s’entichent d’un personnage. Mais ils le font sans à priori, par automatisme, dès qu’ils découvrent un roman. Variété voisine de lecteurs, les Fans, eux, ont déjà une idée en tête quand ils découvrent un livre, en tout cas la plupart du temps. Eux, ce sont des fidèles : ils sont accros à un auteur, à une série, à un univers, ou tout simplement à un genre.

Rien ne distingue un Fan d’un autre type de lecteur, en tout cas avant qu’ils aient approché une œuvre pour la première fois. Cela dit, si votre premier roman leur a plu, ils aimeront la suite, c’est garanti. S’ils ont apprécié tout ce que vous avez écrit, vous les retrouverez lors des séances de dédicaces et ils finiront par en savoir davantage sur votre univers que vous n’en savez vous-mêmes.

Ce qui ne signifie pas que les Fans manquent de discernement, bien au contraire : ils en ont autant que les autres catégories de lecteurs. Cela dit, lorsqu’ils se connectent à une œuvre avec passion, ils ressentent le besoin de la revisiter encore et encore et recherchent tout ce qui pourra leur remémorer les éléments qui ont suscité leur engouement

Comment les satisfaire

Le plus dur, lorsqu’un auteur encontre un Fan, c’est de lui donner envie de découvrir son œuvre. Une fois que c’est fait, à condition naturellement que ça lui plaise, celui-ci continuera de lire tout ce que cet écrivain écrira. Reste à captiver son attention pour la première fois.

Pour y parvenir, le secret n’est pas bien compliqué : il suffit de se comparer à d’autres auteurs. Que cela soit lors de salons ou simplement dans le cadre d’un profil en ligne, si vous décrivez vos histoires comme « Un savant mélange de Mary Higgins Clark et de HP Lovecraft », vous aurez capté l’attention des Fans de ces auteurs, qui tenteront peut-être leur chance avec vous.

Comment les faire fuir

On l’a vu, les Fans se caractérisent par leur fidélité. Mais l’amour est une arme à double tranchant : rompez de manière trop radicale avec le style qui leur a plu au départ et ils vous tourneront le dos, parfois même avec agressivité. Encore pire : si vous vous lancez dans un exercice de déconstruction de votre travail, en rédigeant un roman dans lequel tous les thèmes et tous les personnages de vos romans précédents sont dévissés de leurs piédestaux pour être disséqués sans pitié, ils ne vous le pardonneront jamais. Pour un Fan, la série qui a son affection est sacrée et tout ce qui la remet en question s’apparente à un sacrilège.

Les Chroniqueurs

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Comme vous êtes sur WordPress et que vous êtes en train de lire un blog, il y a de fortes chances que vous connaissiez des Chroniqueurs. Il s’agit simplement de celles et ceux dont l’acte de lecture aboutit à un acte d’écriture : la rédaction d’une critique, d’une chronique, voire d’une vidéo en ligne.

Pour les Chroniqueurs, le roman est un objet d’étude et de commentaire, au-delà du plaisir qu’ils peuvent en tirer par ailleurs. Mentalement, alors qu’il est en train de lire un livre, un Chroniqueur va noter certains aspects de l’intrigue ou de l’écriture qui le font réagir, en vue de l’incorporer dans un billet à rédiger après coup. Cet engagement, cette dimension interactive, vient nourrir pour eux le plaisir de lecture jusqu’à en être indissociable.

À force, l’activité d’écriture d’un Chroniqueur va colorer ses choix de lecture – avec, peut-être, une volonté de se diversifier qu’il n’aurait pas s’il n’avait pas pris l’habitude de commenter ses choix. Cela va également le rendre plus exigeant : lorsqu’on lit beaucoup et qu’on analyse les romans, on finit par comprendre mieux que la plupart des gens comment une histoire est construite, ce qui fonctionne et ce qui fonctionne mal.

Comment les satisfaire

Au-delà de tout le cirque autour des fameux « Services presse », qui permettent à des éditeurs d’espérer des bonnes critiques de blogueurs en leur offrant des exemplaires gratuits, allant jusqu’à tisser avec eux des partenariats qu’on imaginerait difficilement dans la presse, pour séduire un Chroniqueur, il n’y a pas des milliers de solutions : il faut produire des romans de qualité qui fuient les clichés et se démarquent de ce qu’on peut lire par ailleurs.

La plupart des Chroniqueurs sont par ailleurs très actifs en convention et en ligne : soyez accessibles en tant qu’auteur, avenant et courtois, et vous pourrez marquer des points auprès d’eux (ce qui ne veut pas dire qu’ils vont dire du bien de vos romans s’ils ne les apprécient pas).

Comment les faire fuir

Les Chroniqueurs flairent le factice et la facilité à mille lieues à la ronde. Contentez-vous, par exemple, de produire une énième saga de vampires qui vivent en marge du monde des humains et ils ne vous pardonneront pas de les avoir ennuyés.

⏩ La semaine prochaine: Le contrat auteur-lecteurs

 

 

32 réflexions sur “Les huit types de lecteurs

  1. Je suis donc le combo rêveur-réaliste-chroniqueur ! J’apprécie autant les univers imaginaires que les romans plus réalistes, voire les essais que d’autres Rêveurs de ma connaissance fuient comme la peste.

    Merci pour cette typologie intelligente. Je ne m’étais jamais posé la question des « types » de lecteurs•trices sous cette forme !

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  2. Passionnant, cet article ! 😀
    Je suis certainement rêveuse (la fantasy <3), pas mal Groupie (quelqu'un a parlé de Sirius Black ?), complètement fan (J.K. Rowling ❤ Robin Hobb ❤ Jane Austen <3) et de plus en plus Chroniqueuse. Même si je ne rédige pas de critique pour tout ce que je lis, j'analyse beaucoup l'écriture et ce qui me plaît dedans ou non. Si je ne tombe pas forcément amoureuse des personnages, je suis en tout cas très exaspérée quand ils sont caricaturaux ou mal traités. J'aime les styles recherchés, mais s'il n'y a que de la poésie et pas d'intrigue je risque beaucoup de m'ennuyer. Et j'aime bien les belles couvertures, mais après quelques déceptions j'ai appris à m'en méfier. En tout cas, je n'ai rien contre les liseuses.

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  3. Merci pour cet article ! Je m’étais déjà fait la réflexion qu’il y a différents types de lecteurs (ou de public) mais je n’avais pas poussé si loin la réflexion. Cette idée m’a sauté à la figure pendant une discussion agitée avec mes collègues sur les derniers Star Wars. J’ai constaté que ceux qui les avaient aimé vantaient les personnages et ceux qui les avaient détesté bloquaient les incohérences du scénario. C’est une dichotomie dont j’avais déjà entendu parlé à propos des auteurs qui seraient soit plutôt concentrés sur les personnages soit plutôt concentrés sur le scénario. Mais c’est vrai qu’il y a bien plus de raisons et d’envie de lire que ça !

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  6. Ah ! Mais j’avais déjà croisé cet article sur un forum ! Très riche, à la fois pragmatique, plein de conseils, et qui est d’une belle capacité de décentrement vers les points de vue de tous types de lecteurs. Cette démarche ne peut qu’aider un auteur.
    Pour ma part je crois être un petit croisement entre l’esthète, la bibliothécaire et le réaliste, aussi bien dans la lecture que dans l’écriture. Les méandres de l’esprit humain à disséquer, mais aussi la beauté de la phrase et du mot pour le mot, et un vrai goût pour l’intertextualité.
    Votre travail est vraiment impressionnant !

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  8. Petit croisement Esthète-Rêveuse-Groupie de mon côté !
    Encore une fois, un article très pertinent. J’ai l’impression que, quelque part, en cherchant à contenter tous ces types de lecteurs et lectrices, on obtient un roman équilibré. Est-il seulement possible d’ignorer complètement l’un d’eux ? Je n’en suis pas si sûre.

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  11. Selon ton classement, je suis une Rêveuse et Bibliothécaire ^^ J’adore ce classement ^^
    comme toujours un article enrichissant qui m’aide à y voir plus clair.

    Je trouve même effrayant de constater à quel point, en tant qu’auteur on peut vite faire « fuir » les lecteurs. 🙂 C’est notamment le cas avec des auteurs qui ont écrit des sagas et connu le succès. Dès qu’ils ont envie de faire autre chose, ils sont à la limite de se faire insulter parce qu’ils font autre chose, comme si toute une vie devait se faire autour d’une thématique, d’un personnage et d’une histoire.

    Pour ma part, je pense qu’il faut penser aux lecteurs lorsque l’on rédige un roman, après tout, on écrit certes pour soi, mais surtout pour être lu et cela me paraît important d’écrire pour plaire mais je ne pense pas qu’il soit capital d’essayer de faire plaisir à tout type de lecteur. D’ailleurs, je ne pense pas que l’on puisse plaire à tout le monde, même en respectant à la lettre les désirs des lecteurs.

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    • En effet, j’imagine que les auteurs qui ont suffisamment de succès pour avoir attiré un public fidèle risquent de se voir reprocher tout écart stylistique. Heureusement, pour les petits poissons dans mon genre, ça ne pose pas trop de problèmes, je pense.

      Et oui, je suis bien d’accord avec toi: tenter de plaire à tout le monde, c’est sans doute une mauvaise idée.

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  15. super bien écrit et super drôle lol! je me reconnais dans plusieurs: je suis une réaliste, audacieuse, fan et chroniqueuse haha! Réaliste avant tout car mes genres préférés sont le contemporain comédie et drame et les thrillers et polars! Ce qui est sûr c’est que je ne suis pas très SFFF ça ne veut pas dire que je ne suis pas totalement réfractaires: j’aime la SF mais assez proche de notre univers, monde, société qui parle plus de l’éthique, des dérives ou progrès de la science et technologie, je ne me suis pas encore essayée à la dystopie mais je suis intéressée par certains mais surtout des dystopies adultes, les dystopies young adult type hunger games, phobos, la sélection c’est pas du tout pour moi! J’ai adoré pour le moment que 3 romans SF: « le sixième sommeil » de bernard werber qui parle surtout des rêves lucides et des possibilités scientifiques sur ça mais plutôt assez terre à terre malgré des éléments de science fiction comme voir son futur soi en rêve et se parler à soi-même à un futur nous et j’ai adoré aussi « neuroland » de sébastien bohler avec sa suite « l’homme qui haissait le bien » avec juste un poil de SF mais assez terre à terre où un chercheur va être missionner pour inventer un code neural pour lire dans les pensées dont le gouvernement français veut l’utiliser sur des criminels et terroristes avec dans l’histoire un gros psychopathe! Voilà tout ce que j’aime: aspect policier thriller avec psychopathes, aspect éthique scientifique, aspect politique qui dénonce ça et voilà le tout me plait et j’adore! Dont la suite part sur une hypothèse: peut-on expliquer le mal que font les psychopathes et criminels de façon scientifique? ça m’a beaucoup intéressé, interpellé et j’ai adoré! Et Mes 3 seuls films de SF que j’adore sont retour vers le futur celui que je préfère même si la forme est de la SF voyage dans le temps, le fond c’est surtout plus de la comédie et thriller suspense :), j’adore aussi men in black surtout pour la comédie et j’ai adoré le 5ème élément surtout pour la comédie! Mais je déteste le space opéra, planet opéra, je déteste star wars et sûr je ne me projette pas dans un monde trop différent du nôtre!
    De même pour le fantastique, je préfère un thriller fantastique en livre ou fantastique paranormal avec fantôme surtout et policier mais je n’aime pas que ça soit trop fantastique par ex je déteste harry potter, je déteste twilight etc et c’est pareil en films je déteste les films d’harry potter, j’ai détesté que ça soit l’univers, les personnages, j’ai rien aimé, j’ai détesté les films twilight, j’ai pas aimé ni l’univers ni les personnages ni le jeu des acteurs que j’ai trouvé pas crédible! Je ne suis pas fan des monstres non plus, je n’aime pas les zombies, pas fan des vampires, seul les fantômes passent pour moi! Et jamais encore lu de fantasy mais ça ne me tente pas beaucoup à moins que la forme soit fantasy monde inventé mais que le fond, l’intrigue soit du thriller, vengeance, polar et sans trop descriptions de lieux!
    Comme tu peux le voir, je suis aussi une audacieuse aimant le polar, les thrillers, les histoires de disparition, de vengeance, de secret, secret de famille etc et j’ai vraiment horreur des descriptions surtout de lieux et descriptions physiques des personnages qui font ralentir l’intrigue, je déteste, ça m’ennuie! Je préfère les descriptions d’action mais aussi descriptions des pensées et des émotions des personnages! J’ai un très mauvais souvenir des classiques et des descriptions à rallonge surtout à cause du lycée mais à l’époque en plus je n’étais pas une grande lectrice, au collège je lisais juste des mangas achetés à carrefour! Et c’est pas du tout les livres qui m’ont donné envie d’écrire alors que j’adore écrire depuis petite depuis mes 11 ans, 1ère histoire finie à mes 11 ans environ, je préférais lire mes histoires que lire les histoires des autres en plus que vraiment j’étais pas prête pour les romans et je suis de nature flemmarde aussi et du coup au lycée en L, j’étais obligée de lire des classiques avec des contrôles de lecture en plus que ça m’a dégoûté de la lecture que je n’ai plus lu 1 seul livre après le lycée! Je n’avais d’ailleurs pas trouvé mes genres de romans car on me faisait lire que des classiques dont j’ai aimé aucun livre classique proposé en plus que les lectures proposés à mon époque n’était pas diversifiée, j’ai aimé qu’un seul livre même si pas adoré et c’était un livre contemporain proposé haha mais dans la liste sinon c’était que des classiques! Et je me suis mise à aimer lire par plaisir que depuis 2017 depuis mes 27 ans en découvrant enfin mes genres de romans même si au lycée j’ai adoré 2 livres choisies par moi-même au CDI du lycée qui étaient 2 livres de témoignage sur une femme en prison donc je savais que j’aimais les livres de témoignage d’ailleurs je me suis remise à lire en 2017 grâce à un livre de témoignage qui m’a intéressé puis je suis allée vers des romans contemporains comédie puis enfin les thrillers et polars! Le plus paradoxal c’est que j’adore les séries et films policiers et thrillers depuis ados mais je n’vais jamais eu l’idée d’en lire car on m’avait dégoûté de ça et je suis plus une fan de séries tv surtout puis de films et donc les codes des genres j’ai plus découvert ça en films et séries surtout et j’ai écrit sans lire des romans donc c’est possible, par conte j’avais appris avant en cours de français les différents points de vue que j’avais appris et avec ça et une bonne maitrise du français on peut déjà écrire et écrire même une fiction! D’ailleurs en 5ème j’ai adoré l’initiative de nous faire écrire un conte de chevalerie collective qu’on a fait publier dans un livre, d’ailleurs à mes 12 ans j’ai écrit une autre histoire sur papier chez moi et j’écrivais aussi durant les heures de permanence au collège et j’ai fini une histoire sur feuille quadrillée de 60 pages recto-verso! J’avoue que c’est vers mes 11-12-13-14 ans que j’ai le plus écrit, après au lycée c’était un peu plus compliqué et moins le temps mais j’ai repris l’écriture à mes 19 ans avec l’écriture d’une web série que j’ai monté en étant aussi la réalisatrice et la caméraman qu’on a fini ce projet en 1 an puis j’écris plus régulièrement depuis 2017 avec cette fois des nouvelles dont j’en ai écrit pas mal dont même pour des cadeaux pour des amies, des autrices etc en plus d’écrire aussi certaines histoires dans le but de les faire publier personnellement!
    Je suis aussi une fan car c’est vrai que si j’aime 1 livre d’un auteur ou une autrice je vais parfois chercher à lire d’autres de ses livres dont je suis une fan de Samantha Bailly c’est l’autrice dont j’ai le plus lu pour l’instant, j’ai presque lu tous ses livres il m’en manque 4 ou 5 à lire et j’aurai lu tous ses livres ^^ Et personnellement contrairement aux esthèques, je cherche des auteurs et autrices qui ont un style simple, accessible qui vont droit au but, ne font pas de longues descriptions et pas de longueurs c’est surtout ça que je cherche! Je ne cherche pas de style trop complexes, compliqués, poétiques ça c’est pas pour moi! Et j’avais dit que je ne suis pas fan de fantasy et pourtant samantha bailly a écrit de la fantasy, j’ai d’ailleurs lu presque tout ses contemporains et je garde ses livres de fantasy pour la fin, j’ai lu sa toute première trilogie fantasy c’est quand même quelque chose et je l’ai fini, j’ai aimé sa plume, c’était une fantasy plus accessible même si j’ai du mal avec les prénoms inventés et j’ai bien aimé sa 1ère trilogie fantasy même si j’ai pas adoré pour le coup alors que j’ai adoré ses livres contemporains du coup je verrai avec ses autres livres fantasy aussi, avec sa plume ça passe mieux déjà!
    Et je suis une chroniqueuse, c’est pas avec ce compte celui-ci car celui-ci c’est un autre blog que j’ai crée mais pas encore eu le temps de publier c’est un autre blog de critiques de livres, films et séries si tu veux jeter un coup d’oeil http://les-critiques-de-julie.over-blog.com/
    Et moi ce que j’aime écrire c’est surtout des analyses, dégager les caractéristiques des oeuvres, films, séries, livres etc c’est en partie dû grâce à mes études littéraires dont j’ai quand même aimé L pour justement le français, les analyses mais je n’aimais pas les livres classiques proposés c’est plus ça que j’ai détesté! Et puis pour les classiques aussi, je n’aime pas aussi parce que je ne comprends pas le langage d’un autre temps et j’ai pas envie de passer mon temps à décortiquer et à comprendre des phrases sinon je ne lis pas , je préfère carrément le langage de notre temps que je comprends, le langage familier et l’argot! Je lis aussi certains essais et certains auteurs scientifiques etc oublient qu’ils écrivent pour le grand public et non pour que des scientifiques car il y a des essais pas accessibles pour le grand public avec des termes scientifiques théoriques trop compliqués alors que j’ai aimé d’autres essais beaucoup plus accessibles! Voilà tout ce que je lis en majorité et même si je ne lis pas vraiment de SFFF, je lis quand même assez varié: je lis des thrillers, polars, contemporains comédie feel good, contemporain plus dramatique sérieux, je lis aussi des livres de témoignages, des essais, un peu de bd, mangas aussi

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